L’amour du poète

Article : L’amour du poète
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30 septembre 2016

L’amour du poète

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Mes nuits sont longues à présent. Mes vers sont vides, mais mes sens sont exacerbés. Au fond de moi je ressens ta présence. Tu traces un sillage dans mon lit et tu réchauffes mes draps pourtant ton indifférence me dévore. Pour toi je serai prêt à être fort, les trésors de Salomon je les donnerai tous pour ressentir un instant ta présence.

Mais qui paierait assez cher pour écarter l’Ades de sa vie et qui serait assez fou pour défier le Dieu vivant. Nos destins s’entrecroisent mais hélas ne se rejoignent jamais. Puisque les muses ne pactisent pas avec les hommes et puisqu’il faut bien mourir un jour alors soyons fous et préparons nos funérailles. Mon âme est d’ores et déjà damnée et ton esprit en paiera le prix. Il ne nous reste plus qu’une journée à vivre alors à moi la volupté et à moi le plaisir. Enivrons-nous d’amour car le temps est désormais notre juge.

Étant un fils d’homme j’ai osé vouloir pour moi une muse, origine de toute mon inspiration. J’ai voulu tarir la source de mon imagination. Aimer : voilà ma faute. Maintenant tu traînes un voile de solitude et aussi longtemps que je puisse me souvenir et dans tous les pays du monde, ton regard profond laissait entrevoir notre histoire secrète et bannie qui me donnait un gout de déjà vécu.

Aujourd’hui je sais qu’il y avait de la vérité dans tes mensonges, de la tendresse dans ton indifférence, et de la joie dans nos larmes.
Ma tristesse est complète, mais puisqu’il faut être sage pour vivre alors je te laisse te reposer à l’ombre du jour car les dieux ont refusé le sacrifice de ta vie, ils réclament du sang, le mien. Je comprends pourquoi tu as rejeté cette race tellement suffisante et pourtant incapable de comprendre un Amour exprimé dans son plus simple revêtement.

A cause de toi je ne désespère plus, ma harpe à nouveau peut faire vibrer ses cordes. Et qui sait, peut-être un jour, un ancien racontera aux plus jeunes, l’histoire d’un homme fou banni des dieux et d’une muse déchue. Il leur racontera notre histoire et on se souviendra de nous.

Je sais que ton chemin ne croisera plus le mien mais je laisserai la clef à l’ endroit, car j’ai foi qu’un jour en ouvrant la porte, je puisse à nouveau revivre en sentant ce parfum unique vieux depuis toujours.
Et puisque je ne suis qu’un homme et que les dieux ont déjà lancé les dés, qu’il en soit ainsi. Mais avant je t’en conjure danse pour moi une ronde et avec tes sœurs ricanaient comme ce jour ou devant cette fontaine nous avons bu la coupe d’un poison amère.

Puis voles car je t’ai libérée au prix fort, au prix de mon Amour sacré, je redeviens moi malgré moi et chaque battement d’aile m’éloigne de toi et me tue un peu plus. Te voilà enfin au sein de ta constellation à la tête de Pégase. Ton étoile brille de mille feux bien plus que toutes les autres alors que mes yeux sont ternes comme mille fois auparavant.

Je me couche à nouveau et mes nuits sont longues, à présent mes vers sont lourds de secrets mais mes sens sont morts.

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