Quand le plus vieux métier au monde soutient les ménages sénégalais… (1ère partie)

Article : Quand le plus vieux métier au monde soutient les ménages sénégalais… (1ère partie)
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12 novembre 2016

Quand le plus vieux métier au monde soutient les ménages sénégalais… (1ère partie)

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Dans les sociétés des plus normales, et des plus croyantes, existent des activités peu recommandables, hypocritement oubliées ou savamment tues qui peuvent prendre des proportions considérables.

Au Sénégal, ce pays majoritairement croyant de part 97% de sa population qui est de confession musulmane et plus de 2% chrétienne, il arrive aussi que l’apparence à elle seule, ne puisse cacher, les réalités et les vices d’une population, même si elle a une Téranga (hospitalité) aussi légendaire que la nôtre.

« De plus en plus de jeunes filles le soir, vous abordaient… »

Un soir où je rentrais tranquillement chez moi, je fus abordé par une jeune fille vêtue d’une robe longue. Elle tenait le bout de sa robe dans la main gauche et m’interceptait en me signalant, qu’elle n’avait pas encore diné. Je lui faisais savoir avec un petit humour que je n’avais pas mangé non plus ce soir-là…

Mais je comprenais. Je mis alors la main à la poche, avant de lui tendre un billet tout en continuant ma route. Elle me suivit ensuite sur dix mètres  avant de rebrousser chemin.

La situation économique du pays m’inquiétait, car ce n’était pas la première fois, de plus en plus de jeunes filles le soir vous abordaient en vous demandant une pièce de 100 francs.

« Une forme de prostitution déguisée… »

Un jour que je me désolais de cette situation auprès d’un ami, il me confiait qu’il ne s’agissait nullement de mendicité, mais d’une forme de prostitution déguisée et que ces filles en question attendaient la couverture qu’offraient les nuits dakaroises, pour s’adonner à cette pratique peu louable qui leur permettaient de mettre du pain sur la table le lendemain.

Je m’indignais d’avantage, alors que je me souvenais d’autres réalités quotidiennes: celles des lycéennes qui pratiquaient cette activité charnelle à domicile le jour pour 2.500 francs (3,8 euros)  tous frais payés, ou encore celles des « couloirdeuses » de la très célèbre cité Claudel de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui monnayaient leurs services contre des tickets restaurant ou autre argent, aussi bien dans l’enceinte de l’université que dans bars environnants.

Je posais ma réflexion et je voyais la réalité amère en face, ce phénomène n’était pas nouveau, mais il a tout simplement été intensifié par la crise économique actuelle.

Le « Mbarane » cette pratique qui permet aux femmes de se faire entretenir par un ou plusieurs hommes « capables », est bien connue de tout le monde. Il n’est même pas rare de voir des jeunes filles se vanter d’avoir un petit vieux ou un homme friqué qui les entretienne bien en plus d’un ou deux prétendants attitrés, taisant en retour le service qu’elle rendent à ces hommes-là.

Déjà plus jeune, l’Avenue William Ponty était réputée être un repère de filles de joie. La prostitution est légale au Sénégal, bien que de plus en plus de jeunes filles pour des raisons sociales préfèrent travailler dans le noir, malgré tous les risques que cela comporte et surtout parce que leurs familles quelques fois, ne soupçonnent nullement leurs choix de vie.

Je décidais alors de faire mes propres lumières sur le phénomène et je me souvenais qu’un jour où j’avais travaillé jusqu’à une heure tardive de la nuit, j’avais décidé d’aller dans un club de Dakar, histoire d’écouter cette orchestre qui reprenait si bien les chansons de Salif Keita et boire en passant une bien fraiche.

Ce jour-là, je m’étais isolé dans le salon privé pour réfléchir profondément à la suite à donner à mon projet (je travaillais à l’époque sur le design d’une ardoise numérique, qui n’avait pas aboutie, mais m’avait permis de trouver ma voie).

En moins de dix minutes quatre filles s’invitaient à ma table sans se gêner pour s’installer autour de moi, discutant comme si je n’existais même pas. Difficile à ce moment précis de ne pas écouter leur conversation. Je comprenais très rapidement et définitivement qu’il s’agissait de travailleuses du sexe. Elles faisaient allusion à moi, jusqu’au moment où l’une d’elle a dit : je me le ferais même gratuitement, il est mignon et elles ricanaient ensemble.

Moi je ne cherchais pas les problèmes, je me levais quelques minutes après pour aller ailleurs et c’est à ce moment, que l’une des filles m’avait retenu par le pan de mon vêtement. Je m’arrêtais un instant avant qu’elle ne me libère, se disant sans doute que je devais être un pauvre minable. Du moins c’est ce  que j’ai cru lire dans son regard.

Je décidais donc de revenir sur ce lieu pour commencer cette fois-ci à étudier la question et comprendre…

Dans la deuxième partie vous vivrez en immersion mon aventure dans la peau d’un homme en quête de réponses. Cette épisode bouleversera mes émotions, et changera définitivement ma perception des choses.

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